lundi 18 janvier 2010

Hausse de prix pour le café bio?

Le café bio a pris beaucoup d'importance depuis le début du nouveau millénaire, encouragé par les nouvelles préoccupations écologiques des consommateurs combinées à certains soucis à propos de leur santé. En 2004, un producteur de café bio pouvait compter sur un prix environ 40% plus élevé que le café régulier. Malgré ces circonstances intéressantes, l'offre n'a augmenté que très graduellement compte tenu des longues procédures impliquées dans la certification et des moyens nécessaires à leur implantation. Aujourd'hui, après plusieurs années riches en efforts de commercialisation des produits bio, il apparait que certains producteurs décident de retourner à l'agriculture traditionnelle caractérisée par l'emploi de pesticides et d'engrais chimiques. Pourtant, plusieurs grands torréfacteurs peinent à répondre à la demande. Certaines multinationales ont vu leur chiffre d'affaires concernant les produits "verts" augmenter de 13% depuis 2007. Ce marché totalise 1.3 milliards en Amérique du Nord seulement.

Cette situation découle d'une certaine façon, encore une fois, de la grande disparité présente entre les différents acteurs de la chaîne mondiale du café. Malgré une solide augmentation de la demande, la majorité des profits sont toujours recueillis par les torréfacteurs. Les producteurs, déjà pénalisés par les coûts à absorber durant leur certification, n'obtiennent finalement qu'une toute petite marge de bénéfices après vente. Pour la grande majorité des plantations familiales et des petites coopératives, ce mince gain combiné à un faible volume les contraint à une viabilité extrêmement précaire devant les fluctuations du marché et les strictes normes de certification élaborées par l'occident.

Pour ces cultivateurs qui se voient offrir pratiquement le même prix pour un lot bio que pour du café non certifié, le choix de retourner à des méthodes plus productives est une évidence. Une certaine déception découle d'un système initialement prometteur qui bénéficie aujourd'hui, une fois de plus, aux grands importateurs. À moins d'un changement dans la chaîne de valeur, l'offre de café bio devrait par conséquent s'affaiblir et le prix à la consommation augmenter. Peut-être le café bio deviendra-t-il un produit de niche (comment dit-on "bio" en japonais)? Ou peut-être les cultivateurs pourront-ils bénéficier d'une meilleure part du gâteau, en utilisant l'approche "bio" comme une "expression plus authentique" des qualités de leur terroir?

Le Nektar vote pour la deuxième alternative.

2 commentaires:

  1. Moi qui débute dans le merveilleux monde du café, je me demande: y a t'il une différence de GOÛT entre un café bio et le même café, mais cultivé "pas bio"? Ou bien c'est juste qu'en buvant du "pas bio", on boit en même temps les produits chimiques qui vont avec (produits qui en soi n'ont pas de goût)?

    RépondreSupprimer
  2. Je dirais par expérience que la culture bio n'est pas un facteur déterminant du bon goût. La fraîcheur et la torréfaction jouent bien davantage que le bio. Par contre, à l'instar du monde vinicole, certains cafés produits sans pesticides peuvent présenter des profils arômatiques différents, pour le bénéfice de la diversité. Donc bio ou pas bio, du moment que ce soit frais et pas carbonisé!

    RépondreSupprimer